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Cette recherche explore les conditions d’émergence et d’exercice de la réussite scolaire chez des jeunes relevant de la Protection de l’enfance, au travers d’une approche conjuguant positionnement et dynamique sociaux et relationnels et mobilisation individuelle. Elle a été réalisée, à partir de 2009, sur deux circonscriptions d’action sociale du département de l’Ain et alimentée par deux phases de travail de terrain. La première, quantitative, a été réalisée par questionnaire auprès des adultes (accueillants, travailleurs sociaux référents, enseignants) en charge des 229 jeunes confiés de ces deux zones et a consisté en un recueil de données relatif à leur parcours de placement, leur scolarité, leurs spécificités, leurs liens avec leur famille d’origine.

La seconde, qualitative, a pris la forme d’entretiens auprès de ceux que l’exploitation des questionnaires avait permis d’identifier comme étant en réussite scolaire (N=83). Ont ainsi été recueillis 39 entretiens d’adolescents, auxquels ont été adjoints 7 apports d’adultes, « ex-enfants de la Ddass ».
Le contenu de ces entretiens a été traité par la méthode Chartier (codage des unités d’informations), complétée d’un travail littéral approfondi autour des stratégies mises en œuvre. Les résultats des analyses quantitatives confirment les soubassements traditionnels de l’adaptation scolaire et, en particulier, l’impact socio-culturel du milieu familial. Ils mettent, de plus, en évidence les ressources que ces jeunes déploient spécifiquement, dans leur parcours inattendu, ainsi que les ancrages et étayages qu’ils expérimentent. Les entretiens permettent d’affiner ces deux atouts. Apparaissent ainsi particulièrement discriminants au regard de la réussite scolaire la personnalité du jeune, marquée par une profonde détermination, une grande maturité, une aptitude à positiver son vécu et à envisager l’avenir avec confiance, le rôle de relations de proximité, entretenues avec un certain nombre de personnes marquantes, la capacité à se distancier d’événements ou de personnes susceptibles d’entraver la progression. Ces traits dessinent des processus et des expériences de résilience, où les fragilités ne sont pas absentes - leurs motivations sont diverses, leurs résultats ne sont pas tous excellents, leur passé ressurgit régulièrement - mais où l’école et le savoir apparaissent comme espaces de perspectives et comme médiateurs à l’expression et à la réalisation de leur reconstruction.

Source : INSTITUT FRANÇAIS DE L'ÉDUCATION