Les jeunes générations subissent globalement les conséquences d’un marché du travail qui reste morose. Mais les écarts en matière d’emplois sont énormes entre les diplômés et les autres. Une synthèse des principales données sur l’insertion des jeunes d’après les données d'une étude menée par le Céreq et publiée en octobre 2017.

Quel statut pour le premier emploi ?

Plus des deux tiers des jeunes sortis du système éducatif en 2013 ont travaillé en emploi à durée déterminée (CDD, intérim, etc.) pour leur premier poste. C’est le cas d’environ huit jeunes sur dix qui n’ont au mieux que le baccalauréat, un CAP-BEP, voire aucun diplôme. La proportion diminue avec l’élévation du niveau d’études : la moitié des titulaires d’un bac + 5 débute par un contrat précaire. Certains contrats temporaires servent de tremplin vers un emploi durable. D’autres, en revanche, souvent occupés par les moins diplômés, installent durablement les jeunes dans l’insécurité de l’emploi, notamment par le renouvellement de contrats à durée déterminée. Pour ces jeunes, l’avenir reste très incertain et ils sont sans possibilité de se projeter dans des projets (vie de couple ou achat de biens immobiliers par exemple).

Trois ans après la fin des études : les écarts se creusent

Une fois dans le monde du travail, les écarts entre les jeunes continuent de se creuser en fonction de leur titre scolaire. Trois ans après la fin de leurs études, 39 % de ceux qui travaillent ont un emploi à durée déterminée, mais les non-diplômés sont près de deux fois plus (65 %) que la moyenne dans ce cas. Un tiers seulement des non-diplômés a décroché un CDI, contre 82 % des bac + 5. Un marché du travail à deux vitesses se constitue, déjà entre les jeunes adultes, entre ceux qui demeurent dans l’emploi précaire et les autres (contrat à durée indéterminée et fonction publique).

La moitié des sans-diplôme au chômage

Face au chômage, les inégalités sont encore plus grandes. En 2016, un jeune non diplômé sur deux sortis de l’école en 2013 était au chômage, contre 10 % des bac + 5, et 6 % des titulaires d’un doctorat. Une partie des diplômés connaît le chômage, mais beaucoup plus rarement que ceux qui n’ont pas de titre scolaire à valoriser sur le marché du travail. De plus, ces jeunes au chômage perçoivent le plus souvent des niveaux d’indemnités très réduites, quand ils sont indemnisés.

Le diplôme, une arme essentielle sur le marché du travail

Les jeunes connaissent des difficultés communes, mais celles-ci sont très inégales selon leur parcours scolaire. Face à la précarité, au chômage et aux bas salaires, le diplôme demeure un atout essentiel. Pour une partie des plus diplômés – notamment des filières généralistes de l’enseignement supérieur –, la situation n’est pas toujours facile et l’insertion souvent lente. Pour autant, leur situation n’a rien à voir avec les difficultés rencontrées par les moins qualifiés. Dans un pays où le titre scolaire est sacralisé, ceux qui ne sont pas dotés d’un diplôme passent en dernier. On s’inquiète beaucoup plus du déclassement des diplômés que du non-classement des jeunes peu diplômés, le plus souvent issus des milieux populaires. Une fois dans l’emploi, le faible développement de la formation professionnelle continue et des promotions internes font que le « ticket d’entrée » décide, encore dans de trop nombreux cas, de la suite du parcours professionnel. La réussite reste possible, mais au prix d’efforts incomparables à ceux des salariés diplômés.

Le milieu social des jeunes, trois ans après la fin des études

Près de la moitié des jeunes ayant achevé leurs études en 2013 sont employés ou ouvriers, 18 % cadres supérieurs. Pratiquement la totalité (92 %) des titulaires d’un doctorat sont cadres, contre 3 % de ceux qui n’ont « que » le bac en poche. 44 % des non-diplômés sont ouvriers, c’est le cas de seulement 16 % des bac + 2.

Dans un pays où la formation continue fait encore défaut, les positions sociales acquises à l’entrée dans le marché du travail sont décisives pour la suite de la carrière professionnelle. Au bout du compte, comme l’accès au diplôme est lui-même très lié à la position sociale des parents, les enfants de cadres deviennent bien plus souvent cadres eux-mêmes que les enfants d’ouvriers.

Article repris du site de l’Observatoire des inégalités disponible ici.